Furie, magma, Björk sont les trois mots ou noms qui viennent à l’esprit dès les premiers instants de Abatting the incarnation of Matter, titre d’ouverture de cet album de post-metal. Près de 40 minutes aussi furieuses que planantes, aussi lourdes qu’aériennes. Furie et lourdeur, donc, pour cette musique si lourde qu’elle ferait passer Black Sabbath pour de gentils folkeux, et Björk pour une ressemblance vocale entre l’artiste islandaise et Robin Battie, la chanteuse de ce trio de Montréal, actif depuis 2012.
Leur doom metal s’éloigne des canons scandinaves habituels, pour se rapprocher de la musique drone d’un Earth ou même, par instants, des envolées progressives de Tool, dont ils pourraient être une émanation diabolique et plus extrême.
L’écoute des 5 morceaux de cet album (car, oui, c’est un album, une quarantaine de minutes) provoque ce sentiment rare mêlant malaise et confort, comme si l’on avait plus de mal à se passer de cette musique terriblement forte qu’à l’écouter. La production très claire doit y jouer son rôle, d’ailleurs, tout comme le minimalisme musical. Pas besoin ici d’un paquet d’instruments pour faire du bruit, juste une belle folie créatrice. Et un quatrième mot ou nom arrive dès le deuxième morceau (Half Breed), c’est Nolan. Comme le réalisateur de Tenet, qui avait tenu à ce que la BO du film soit rendue très très fort dans les salles de cinéma. Vital apparaît comme une extension de cette musique.
On tient là un album inclassable qui rappelle surtout la formule définitive d’Emmanuel Kant « l’art n’est pas la reproduction d’une belle chose, mais la belle reproduction d’une chose ». Et à ce titre, Vital est un sublime album.
