Quelques jours après sa sortie, Bohemian Rhapsody – biopic de Queen des débuts du groupe jusqu’à sa participation au concert Live Aid à Wembley en 1985 – semble diviser le public et la critique.
Rien de bien nouveau, donc, entre les férus de cinéma, les fans du groupe et des spectateurs avides de grand spectacle.
Le film évoque quinze ans de la vie du groupe, depuis sa formation et la rencontre du trio Mercury / May / Taylor, que rejoindra rapidement John Deacon. Et a choisi de s’intéresser de plus près à son leader, Freddie Mercury, icône rock parmi les plus importantes des 50 dernières années.
Et c’est le développement de ce parti-pris qui peut poser problème. A l’image de la musique de Queen, la vie de Freddie Mercury aura été baroque, grandiloquente, extra-ordinaire pour le commun des mortels. Son personnage aura été l’un des plus iconoclastes de son temps. Et c’est cette dimension qui n’apparaît pas assez durant les 2 heures et quelques que dure Bohemian Rhapsody. Sa vie de luxure et de fêtes démentielles n’est abordée qu’en surface, rendant Freddie Mercury presque aussi lisse que le choriste d’un boys-band.
En revanche, sur la carrière du groupe, même si quelques éléments sont présentés de façon un peu trop tirée par les cheveux, ce long métrage apporte aux uns et confirme aux autres de très intéressantes anecdotes, malgré de véritables libertés prises avec la réalité des faits (’escapade en solo de Mercury qui a changé la donne au sein du quatuor, etc.). Les comédiens sont assez bluffants. Rami Malek incarne véritablement Freddie Mercury, avec toute la folie et la naïveté presque enfantine de son personnage. Et Gwilym Lee est le sosie quasi parfait de Brian May !
Les scènes de concert, notamment la finale au Live Aid, sont des calques assez incroyables de ce qu’ont pu voir les spectateurs des concerts du véritable Queen. A ce sujet, il aurait été sympa de diffuser le vrai concert du Live Aid, qui aurait eu une charge émotionnelle supplémentaire. Mais la version revue par les deux réalisateurs de Bohemian Rhapsody reste un modèle de cinéma.
Bohemian Rhapsody est un bon film, qui remplit son cahier des charges (Brian May et Roger Taylor en sont d’ailleurs coproducteurs exécutifs) et a les défauts de ses qualités : un film grand public, qui fait la part belle aux chansons du groupe, apporte une petite dose de pathos (vu le nombre de réactions sur l’usage de mouchoirs en papier à la fin du film) et donne envie de réécouter Queen, de Killer Queen aux titres postérieurs à la mort de Freddie Mercury. Mais un film qui n’atteint alors pas le degré de folie-douce et de génie de Queen. Mais en un peu plus de deux heures, était-ce seulement possible ? Pour le reste, il y a assez de biographies et documentaires sur ce groupe pas comme les autres !