Inlassablement, Marc Ribot poursuit son chemin. Monte pièce par pièce son Grand Œuvre. Et réactive, pour un sixième chapitre, ce Ceramic Dog où le blues se frotte à ce que la musique contemporaine comporte de plus bruitiste. Dès l’introductif Connection, qui donne son titre à l’album, on ne sait plus si l’on est en territoire blues, no wave ou hard rock. Et ça continue ainsi tout au long d’un album, comme souvent chez Ribot, d’une richesse assez insondable.
Les titres s’enchainement, avec une fausse impression d’absence d’un fil rouge. Ainsi, Subsidiary est un morceau totalement expérimental et no wave, quand Soldiers in the army of love revient à quelque chose de plus évolutif, rappelant le passage de Sonic Youth d’une no wave sans concession à des morceaux plus fondamentalement alt rock. Puis arrive Ecstasy, l’un des morceaux les plus jouissifs du disque. Sorte de jam rock plongeant dans le hard 70s et le funk. Et du funk à la soul, la Philly Soul que Ribot défend sur son autre projet, The Young Philadelphians. Cette soul sous acides, elle se balade tout au long de No name, instrumental inspiré et petite bulle de respiration dans un disque très complexe.
Enfin, en iconoclaste de génie, Marc Ribot et son chien de céramique s’en vont piller Pink Floyd. Pour mieux déconstruire le mythe, le temps de ces presque 11 minutes d’Order of Protection. Comme si les mélodies de Gilmour and co étaient passées à l’émeri. Du génie.
Ceramic Dog n’en demeure pas moins l’un des projets les plus abordables de Marc Ribot. Une porte d’entrée grande ouverte dans son multivers musical où les deux seules constantes absolues demeurent l’exploration du son et le plaisir. Un plaisir dingue, d’ailleurs, sur Connection.
Le site officiel de Marc Ribot ici
Marc Ribot a déjà eu les honneurs de Myskeuds pour Ceramic Dog.