L’industrie musicale a ceci d’injuste que les meilleurs ne sont pas toujours mis en avant. Et quand on dit les meilleurs, ce n’est pas forcément un jugement subjectif, porté par des disques ou concerts que l’on a particulièrement aimés.On parle ici du parcours, du CV, de l’importance et de l’influence de ces musiciens.
C’est clairement le cas de Page Hamilton, alias l’homme derrière Helmet.
S’il signe « seulement » le 9e album du groupe en un peu plus de 30 ans de carrière, Page Hamilton peut s’enorgueillir d’un CV assez ahurissant ! Fan de jazz, il a d’ailleurs créé plusieurs groupes sur ce thème, compositeur de musique classique à ses heures, il aura surtout joué avec les plus grands. Guitariste principal pour David Bowie, collaborateur de Glenn Branca, Page Hamilton a aussi travaillé avec Nine Inch Nails, Linkin Park, Wire ou encore Joe Henry.
Mais Helmet reste le coeur de son oeuvre. Le creuset dans lequel il fait couler, tel un alchimiste, son métal, ou metal, le plus précieux. Left nous offre à nouveau ce mélange a priori impossible entre une rythmique jazz (ce pont, sur Big Shot !), une lourdeur metal, et des mélodies à faire pâlir les meilleurs songwriters pop. Le tout avec une impression de facilité rarement remise en cause.
Enfin, le fan de jazz rend hommage à l’un de ses maîtres, John Coltrane, dont il adapte, à sa sauce metal alternatif, le merveilleux Resolution, paru sur le mythique A love supreme (1964).
Helmet sonne plus moderne que les groupes les groupes récents. Et surtout, s’inscrit dans une discographie en tous points remarquables. Mais une discographie si personnelle, sans concession aux modes du moment, que le groupe en aura pâti en terme de renommée. Car, ne nous y trompons pas, sur le strict plan musical, Helmet, et plus généralement Page Hamilton, est de la trempe d’un Frank Zappa. Au moins.