Bon, parfois y’a un combo groupe/titre d’album qui te dit tout, tout de suite. Et c’est le cas ici, puisque les premières notes de Saudade (qui ouvre cet album) sont jouées au piano, un simple accord en mineur, que rejoint un peu plus tard une rythmique jazzy. Saudade, l’album, est de ces disques rares, qui transforment la tristesse et le spleen en art. Tout ici est impressionnisme, comme si les notes et les mots étaient ajoutés comme Monet et consorts apposaient touche après touche de leur gouaches.
Evidemment, il serait facile à l’écoute de cet album de relever telle ou telle ressemblance avec d’autres artistes. Mais il y a une telle cohérence entre les 11 chansons ici présentes que c’en serait dommage. D’autant que les références les plus directes à citer (Marillion ou Porcupine Tree, éventuellement Radiohead en cousin un peu plus lointain) évoluent dans un style bien différent, plus progressif. Alors que The Sad Song Co est clairement dans un format pop/rock plus classique.
Mais cela n’empêche pas le groupe de s’offrir des explosions musicales soudaines (These tears won’t cry themselves ou Hold et son approche delta blues).
Il y a un gros problème potentiel sur Saudade : ce disque, s’il est (hélas) à 100% dans notre époque sociétale n’est pas forcément à sa place dans la proposition musicale générale. Et c’est notre honneur, ici chez Myskeuds, d’essayer de faire connaître de tels bijoux, car oui, la douceur et la fragilité de la musique de The Sad Song Co font de Saudade un disque intemporel. Dont on craint qu’il ne devienne disque culte pour quelques uns alors que sa magie absolue en fait un disque universel. Mais d’ores et déjà l’un des plus beaux albums de 2021.