La peur, sentiment profond de crainte, parfois poussée à l’extrême. Mais selon les époques, selon les civilisations, les motifs de peur ne sont pas les mêmes.
Prenez par exemple l’oreille chaste d’un auditeur habitué à la douceur du heavy metal, du rock gothique, voire des musiques extrêmes. Il passera pour une brute épaisse aux oreilles de beaucoup. Pour une créature sans émotion aucune.
Alors que non. Bien au contraire, lui aussi peut avoir peur. Lui aussi peut connaître ces noeuds dans l’estomac, ce besoin primal de fermer les yeux, se boucher les oreilles, s’il doit écouter certains sons. Que nous nous proposons de développer pour vous, en dix albums horrifiques, parmi plusieurs milliers.
Billet garanti sang pour 100 frissons et mauvaise foi (quoique…)
1° Céline Dion – Falling into you
Evidemment, impossible de ne pas évoquer en premier lieu la sirène (au sens le plus technique de sirène d’incendie). Si le choix d’un album parmi d’autres dans sa discographie aura été assez difficile, on peut gager que sa carrière anglaise relève plus de traces de violences, JJ Goldman ayant réussi à dompter sa voix sur certaines chansons française.
Déjà, elle interprète une chanson de Jim Steinman (All coming back to me now). Oui, Ze Jim Steinman, auteur du cultissime Bat out of Hell pour Meat Loaf. Lequel reprendra la chanson, avec peu de bonheur.
Mais surtout Falling into you recèle un trésor mystique et maléfique particulier. Un de ces moments qui vous font vous sentir comme dans Mars Attacks quand les têtes des extraterrestres explosent à cause de la country. Là, c’est la même chose pour l’homo metalus sur cette note tenue sur la reprise d’All by myself (chanson d’Eric Carmen, sur une musique empruntée à Serguei Rachmaninov). Quelques secondes d’agression presque ultrasons. Quelques secondes à l’acre parfum d’éternité. Atroces. Violentes. Ultimes.

2° Coldplay – My Universe
Pour comprendre l’ampleur de la scène horrifique, il faut se rappeler que Coldplay a publié au tournant des années 2000 l’un des plus beaux albums pop qui soient, Parachutes. Et qu’ensuite, disque après disque, le groupe est descendu de l’Olympe, en prenant le feu sacré, soi-disant pour l’offrir aux hommes, mais en fait pour le ramener chez Arès, puis franchir le Styx.
Et on en arrive, étape après étape à ce My Universe. Qui contient, sacrilège absolu, un duo avec le boys band BTS. Pour une chanson dévoilée 20 ans et 2 jours après le drame du World Trade Center. Une coïncidence ? Certainement pas…

3° Mariah Carey – Charmbracelet
La critique, et même ses fans, considèrent ce disque comme son plus mauvais. Satan lui-même en aurait eu peur… Que rajouter ?

4° Kanyé West – The life of Pablo
A l’époque, c’était encore Kanyé West, pas encore Ye. Quand il publie The Life of Pablo, il déclare être plus populaire que Michael Jackson. Mais dans les rues de Paris, il passe quasi incognito. Et sa musique, contrairement à celle de Michael Jackson, peu sont capables d’en chantonner ne serait-ce qu’un bout de chanson. La suite prouvera qu’il est le Mal incarn. Comment peut-on prétendre le contraire quand on réussit à se faire pardonner ses péchés dans une cérémonie où co-officient l’antéchrist machin Manson et le baby Bieber ? Un peu de sérieux, tout de même !

https://www.lesacdechips.com/2017/03/22/le-groupe-cradle-of-filth-insulte-kanye-west
5° Justin Bieber – My world 2.0
Premier album d’un enfant habité. Sorte de réincarnation du Mal. Peut-être de Jordy ou, souvenez-vous, de Billy et son temps des surprises party.
My world 2.0 fait peur d’entrée, avec une déflagration nucléaire. Baby. Soit la chanson qui a obtenu le plus de puces rouges à l’époque sur YouTube. Soit la pire chanson de tous les temps pour les lecteurs du magazine Time Out. Devant tout de même Blurred lines de Robin Thike ou Axel F de Crazy Frog (l’originale de Harold Faltermeyer restant un moment culte).

https://www.rollingstone.com/music/music-news/how-justin-bieber-got-a-heavy-metal-makeover-96364/2/
6° U2 – Songs of innocence
La pire attaque terroriste jamais entreprise dans la musique. U2, déjà décadent depuis au moins Pop à la fin du siècle dernier, a pris en otage plusieurs dizaines de millions d’utilisateurs Apple. Comment ? En installant de force cet album dans leur Itunes. Sans leur en demander l’autorisation. Dans un acte de contrition récent, qui a inspiré cet article, Bono a reconnu son erreur. Pas encore assez pour être pardonné.

7° Christophe Hondelatte – Ou pas
Conteur de génie, voix radio absolue, Christophe Hondelatte s’est juré de vous raconter les pires histoires criminelles. Toutes. Sauf une. Car elle fait peur. Une peur que même Maupassant avec tout son génie littéraire n’aurait pas su rendre crédible. Cette histoire est pourtant bien nommée : Ou pas. Etre Christophe Hondelatte, Ou pas chanteur. Avec notamment ce refrain à bouffer six paquets de Vicodine : « Dr House, c’est pas Mickey Mouse ».
Evidemment, les personnalités qui tentent la chanson sont Légion (ho le jeu de mots !). De Philippe Risoli à William Shattner en passant par Pierre Palmade, ils ont tenté le diable. Et échoué. Mais pour « Dr House, c’est pas Mickey Mouse », Christophe Hondelatte sera le seul dans notre classement.

8° Metallica & Lou Reed – Lulu
Metallica est le groupe qui a popularisé le metal, faisant d’un genre musical plus ou moins underground un style respecté.
Lou Reed, via le Velvet Underground puis sa carrière solo riche de poésie noire (Berlin, Transformer) et d’expérimentations jusqu’au-boutistes (Metal Machine Music, concert en ultrasons pour chiens avec Laurie Anderson et John Zorn) aura défriché le rock.
Alors quand les deux entités se rejoignent pour adapter une pièce du dramaturge allemand Frank Wedekind, on crie au génie.
Et le résultat est… « le chef d’oeuvre de Lou Reed » pour son ami David Bowie. Un truc plus étrange que d’habitude, bien trop étrange, pour le public de Lou Reed. Une sombre histoire à oublier pour le public de Metallica.

9° Jul – Dans ma paranoïa
Difficile, effectivement, de choisir parmi la discographie impressionnante de Jul : 17 albums (sans compter les EP et autres) en 8 ans. Alors, de façon logique, on a décidé de remonter à la source du mal. Soit son premier album. Celui qui pose les bases du culte. Avec plusieurs accusations de crimes contre la langue française, contre le rap français, contre les droits d’utilisation de l’autotune et pour utilisation abusive des claquettes-chaussettes. Rarement entendu/ vu tant d’effroi autour d’une seule personne.

10° Charles Manson – Lie : the love of terror cult
Parce que Charles Manson avait d’abord rêvé d’être chanteur. Qu’il a enregistré cet album grâce à Dennis Wilson, l’un des anges de la pop (son album Pacific Ocean Blue est l’un des plus beaux disques jamais enregistrés !).
Et le pire, c’est que ce Lie : the love of terror cult est peut-être le meilleur disque de cette liste, hors de toute l’aversion justifiée que procure son auteur.

Enfin, si vous souhaitez une vraie musique de Halloween, c’est ici. Nous avions évoqué de vrais beaux disques inspirés par le Mal.
Excellent ! J’ai ri comme une sorcière crucifiée !