Les coffrets et compilations se multiplient, à l’intérêt toujours plus relatif, pour ne pas être impoli ou grossier.
Sauf qu’ici, on a pour la première fois un coffret totalement éditorialisé, et placé sous la direction artistique de Steven Wilson qui est, forcément, la personne idoine pour évoquer la double thématique : la musique alternative britannique et la musique progressive.
Pourquoi ? Parce que Steven Wilson a longtemps frayé dans l’alternatif, avant de connaître le succès, d’abord par Porcupine Tree, à la fin des 90s (l’album Stupid Dream, magique) puis en solo ensuite. Et aussi parce que Steven Wilson est devenu la référence de la musique progressive. Par ses différents projets (Porcupine Tree, déjà cité, No Man, Blackfield, etc). Et par son travail de remastering ingénieux pour des groupes cultes comme King Crimson Jethro Tull ou Tears For Fears.
Sur 4 CDs et un total de 58 chansons, Steven Wilson retrace une décennie bénie pour la musique britannique. Qui sort alors tout juste du punk, découvre le minimalisme wave, la folie gothique, et développe ce qui donnera la britpop dans les années 90.
Le producteur balaye d’ailleurs un spectre assez ahurissant, afin d’affirmer son propos : la musique prog a envahi d’une manière ou d’une autre tous les genres de l’époque. Il évite à ce sujet l’écueil d’un disque consacré à la fameuse école néo prog, ce renouveau prog britannique, portant en têtes de proue des groupes comme Marillion ou Arena.
Wilson propose surtout de jouir de la musique, de profiter de ces compositions, plus que d’étudier le pourquoi du comment du kézako du prog. C’est pourquoi on retrouve tout au long des 4 CDs des groupes comme Magazine, The Stranglers, Wire, Sisters Of Mercy ou Cure.
Jusqu’au groupe qui a fait le point de passage entre les 70s et les 80s, Joy Division. Présent ici à travers The Eternal. Joy Division, initiateur à son corps-défendant du courant wave, voire même du gothic. Et qui tenait autant de David Bowie que du punk.
L’approche très audacieuse de Steven Wilson dans le choix de cette compilation le conduit même à proposer Propaganda et son Dream within a dream (plus de 9mn, une durée caricaturale du prog) à côté de Scott Walker, artiste expérimental s’il en est (ici avec Rawhide).
Prog is everywhere !
Pop, gothique, folk, world, électro, la musique alternative britannique a essaimé tous les genres dans les années 80. Ils sont tous présents, ou presque. Puisque manque à l’appel un genre plus qu’alternatif à l’époque : le heavy metal, et la fameuse NWOBHM. Qui, derrière Iron Maiden, a porté haut les couleurs progressives, vers un genre plus agressif.
Enfin, joli fait du prince en rappel, Steven Wilson a casé un morceau de son projet No-Man, Night Sky Sweet Earth. Qui appelle à ce que proposeront plus tard son Porcupine Tree, et même Radiohead.
Comment, dès lors, définir la musique progressive ? On pourrait tenter les explications assez bateau habituelles. Des morceaux généralement longs. Sauf que non, il y a des morceaux ici présents de moins de 3mn. Des morceaux où la mélodie évolue hors des habituels canons couplet/refrain/couplet/refrain/pont/refrain. Sauf que non, là encore (This Corrosion, des Sisters Of Mercy, par exemple). Une musique où le synthétiseur fait beaucoup. Sauf que là… ah ben, oui, là, oui.
Et finalement, doit-on définir la musique progressive ? Doit-on définir la musique ? Ou simplement en admirer la beauté, quand elle est belle. Et la richesse, quand elle est aussi bien mise en avant ?
Le site officiel de Steven Wilson
Retour sur le dernier album de Porcupine Tree