Au début fut Anathema. Soit l’un des fleurons du doom/death 90s. Qui effectuera sa mue au tournant de l’an 2000 sur le chef d’oeuvre Alternative 4. Dans la foulée naîtra Antimatter, entre projet parallèle et rébellion de certains anciens membres, on ne sait plus trop. Qui propose dès son premier album (Saviour) un mélange inédit de trip hop et d’ambiances gothiques.
Si Anathema va devenir dans les années qui suivent l’un des plus grands groupes de rock progressif (oui, avec ce passé death/doom), Antimatter poursuit de façon plus confidentielle. Puis, ces dernières années, on apprend le hiatus (ou séparation, c’est au choix) d’Anathema. Et nous voici en cette fin 2022 avec A Profusion of Thought, 8e album d’Antimatter. Le premier depuis 2018. Et dès Contact, son titre d’ouverture, une émotion très forte. Le groupe reste dans ses fondamentaux : rock, prog, trip hop, usage du saxo, mélancolie pure.
La musique d’Antimatter n’est clairement pas pour tout le monde. Il faut un état d’esprit particulier pour voguer à travers les 10 chansons que comprend A Profusion of Thought. Il faut une proximité avec la mélancolie, une appétence pour le spleen. L’envie de laisser couler l’une ou l’autre larme. Car, ne nous y trompons pas, nous sommes ici en présence de quelque chose qui touche à la beauté. A la grâce. A la douceur. Quand bien même parlons-nous d’un groupe de rock dont la noirceur le rapprochera parfois du mouvement gothique, voire du metal.
Mais qu’importe au final. Antimatter se pose désormais comme l’un des maîtres de cette musique qui touche à l’âme et au coeur. L’interprétation des chansons semble être une souffrance pour ses interprètes (voix masculine/féminine comme une Belle et la Bête). Une souffrance que l’auditeur aura envie d’apaiser, de rejoindre, de partager.
On ne sort clairement pas indemne de A Profusion of Thought. Mais on en sort avec un petit supplément d’âme. Et l’impression d’avoir passé un moment suspendu, à l’image de la délicate Breaking the machine.