L’écoute de Looks in the shadow entraîne malgré elle une question très philosophique : vaut-il mieux aujourd’hui tenter de réinventer le rock, ou plutôt suivre les voies déjà tracées en y imprimant sa personnalité ? Si vous penchez pour la première solution, la lecture de cette chronique s’achève ici pour vous. Si, en revanche, vous êtes pour la deuxième solution, vous allez adorer Looks in the shadow. Parce qu’ici on est en plein revival de ce que le rock américain a pu produire de mieux. Du piano, de la guitare, un soupçon de country, un peu de spoken word à la Eminem mêlé (Time is meaningless), quelques envolées lyriques, et une chouette collection, au final, de 11 chansons qui ne réinventeront donc pas le rock, mais le pousseront un peu plus loin dans des chemins connus, pour en révéler l’un ou l’autre détails encore inconnus à ce jour.
Smokey & The Joker, c’est de la musique 100% US, avec cet orgue si 70s, au son chaud, qui arrive de nulle part, avec cette voix alt-country, et ces ambiances larger than life. A ce point, on pourrait même qualifier, vu d’ici en France, Looks in the shadow de world music, et on n’aurait pas totalement tort. Il y a ici quelque chose qui tient du savoir faire d’un Kansas ou d’un Bon Jovi première période : un rock que certains auraient pu dire hard (Born detective), mais qui est surtout parfaitement calibré et exécuté.
