Après la période Connery, interrompue par George Lazenby le temps d’un épisode, place à Roger Moore. Dont la saga sera interrompue, à sa façon, par… Sean Connery.
Paul McCartney & Wings – Live & let die (Vivre et laisser mourir / 1973)
Pour la première fois depuis Dr No (Monty Newman), ce n’est pas John Barry qui est à la tête de la bande originale d’un 007. Mais George Martin, le légendaire producteur des Beatles.
Mais ce n’est pas lui qui a contacté son ancien protégé Paul McCartney. C’est bien le duo Brocoli / Saltzman, trop heureux de réunir ces deux grands noms de la pop.
Pari important : ce film met en vedette un nouveau successeur de Sean Connery, Roger Moore. Et le film traite d’un sujet lié à la blacksploitation : le vaudou. Pourtant, Live & Let Die n’aborde absolument pas les musiques caribéennes. La raison est assez simple : Macca s’est vu commander la chanson avant la fin de l’écriture du scénario !
De plus, les producteurs, très heureux d’avoir Macca comme compositeur de la chanson, lui ont demandé si Thelma Houston ou Shirley Bassey pourraient en être l’interprète. George Martin répondra pour lui : « ok, dans le film, si les Wings font l’ouverture ».
C’est ainsi que dans Vivre et laisser mourir, on entend rapidement une version par BJ Arnau, plus funk et rnb, collant à l’époque et au contexte de l’histoire. Ce qui permettra d’ailleurs à l’artiste d’obtenir une résidence à Las Vegas pour un an.
La première Bond-song nommée aux Oscar
Quand on a un ex-Beatle et l’ex-producteur des Beatles pour une Bond-song, que se passe-t-il ? Succès foudroyant : Live & let die sera numéro 1 aux USA, numéro 9 en Grande Bretagne, acclamée par la critique comme l’une des meilleures chansons composées par le bassiste gaucher. Et sera la première Bond-song nommée aux Oscar, échouant face à The way they were de Barbra Streisand.
La chanson deviendra ensuite la musique d’ouverture des Oscar, au grand dam de Brocoli, d’ailleurs.
Enfin, en 2012, Paul McCartney recevra un prix pour Live & Let die, la chanson ayant été diffusée plus de 4 millions de fois aux USA !!!
Lulu – The man with the golden gun (L’homme au pistolet d’or / 1974)
Retour de John Barry à la composition de la BO, et, comme dès le générique de fin de Live & let die on connaissait le titre du film à venir, déjà une proposition de chanson, par Alice Cooper. Le père du Shock-rock est un fan absolu de l’univers bondien, entre violence et sensualité. Mais sa proposition sera rejetée par la production.
Au contraire, c’est une forme de retour aux sources bondiennes qui est privilégiée, via Lulu, chanteuse écossaise, qui a eu son succès depuis quelques années en Grande Bretagne, entre TV, cinéma et chanson. Ainsi la même année, elle cartonne avec une reprise de The Man who sold the world, produite par David Bowie en personne, qui y joue guitare et trombone.
D’ailleurs, sur The man with the golden gun, elle trouve une chanson typiquement bondienne (peut-être même trop ?) signée du duo Barry/ Black. Assez fade, elle fait d’ailleurs un bide dans les Charts. Et, contrairement à We have all the time in the world (1969), elle ne sera jamais réhabilitée.
John Barry en dira d’ailleurs : « C’est juste une des… elle n’a jamais existé, selon moi ». Propos très dur du compositeur, pour une chanson qui est par ailleurs considérée comme l’une des plus suggestives de l’histoire des Bond-songs.
Carly Simon – Noboby does it better (L’espion qui m’aimait / 1977)
C’est mine de rien une petite révolution. Pour la première fois depuis le début de la saga, une chanson ne porte pas le nom du titre du film. Mais au Royaume de sa Gracieuse Majesté, l’honneur est sauf, the spy who loved me apparaissant dans les paroles. Ouf !
Autre révolution, John Barry n’y est crédité ni comme compositeur, ni comme arrangeur, ni même comme producteur. Totalement absent sur ce coup, il se rattrapera quelques années plus tard.
Nobody does it better démarre sur un piano eltonjohnesque, porté par la voix douce de Carly Simon, dont ce sera le plus gros succès.
La chanson obtiendra un véritable succès, notamment aux Etats Unis. Peut-être aussi dû au succès du film, L’espion qui m’aimait marquant à sa façon le paroxysme du James Bond de divertissement, entre les gadgets, les paysages allant de l’Egypte à au Japon en passant par l’Ecosse et même sous la mer, et un Roger Moore au sommet de son art.
Enfin, la chanson sera nommée aux Oscar, sans remporter la statuette. Mais l’Histoire lui rendra grâce, Rolling Stone la classant en 2012 3e meilleure chanson pour un 007, et Billboard lui attribuant même la 2e place.
Shirley Bassey – Moonraker (1979)
Le James Bond le plus haut et loin, dans l’espace. Peut-être le plus surprenant aussi. Mais avec un retour aux sources pour sa chanson, portée pour la troisième et dernière fois par Shirley Bassey, après Goldfinger et Diamonds are forever. Et pour la troisième fois, celle qui sera faite Dame Shirley Bassey par la Reine n’est pas le premier choix.
Car Cubby Brocoli veut à nouveau tenter le coup pour Franck Sinatra. Et Johnny Mathis, autre crooner, est également approché. La production tente même le coup avec une toute jeune chanteuse de 19 ans, Kate Bush, trop occupée à préparer ce qui sera la quasi-unique tournée de sa carrière.
Hal David revient, lui, aux paroles, accompagné par le retour de John Barry à la composition. La chanson Moonraker aboutira à deux versions, l’une douce, une ballade utilisée pendant le film, la seconde sacrifiant à la mode disco, pour le générique de fin.
C’est une chanson qui n’aura jamais un véritable succès, même auprès de son interprète. Shirley Bassey a expliqué l’avoir enregistrée très vite, sans en être jamais totalement satisfaite. Elle ne l’interprétera d’ailleurs pas en concert avant 2005, soit 26 ans plus tard.
Sheena Easton – For your eyes only (Rien que pour vos yeux / 1981)
Alors que Blondie, l’un des groupes les plus populaires d’alors a tenté d’impressionner la production avec une chanson éponyme, c’est Sheena Easton qui est choisie pour interpréter ce For your eyes only, aux paroles signées Mick Leeson, plus connu pour son travail de scénariste (corrélateur du Cosby Show) et composée par Bill Conti.
On doit à ce producteur américain quelques morceaux de bravoure comme le thème Gonna Fly now pour Rocky, également le thème de Karate Kid, ou encore l’Etoffe des héros, avant de devenir le directeur musical des Oscar).
Sheena Easton, elle, est après Lulu, la 2e interprète écossaise d’une Bond-song. Egalement actrice, elle a une longue discographie à son actif, et vient, juste avant d’enregistrer For your eyes only, d’obtenir un number one aux Etats Unis (Morning train).
Fait unique, Sheena Easton apparaît dans le générique du début. On doit cette originalité à Maurice Binder, responsable des génériques de 007, qui appréciait particulièrement sa présence gracieuse. Abondant dans le même sens, Roger Moore estimera que son apparition dans ce prégénérique est « plus sexy que toutes les autres Bond girls. »
Cette chanson sera nommée aux Oscar 1982.
Rita Coolidge – All time high (Octopussy / 1983)
Nouveau retour de John Barry, absent sur For your eyes only. Cette fois, le compositeur fait équipe avec le parolier Tim Rice, créateur dix ans plus tard des chansons du Roi Lion, avec Elton John. Mais à ce moment, Tim Rice a déjà à son actif 2 comédies musicales en tant que parolier : Jesus Christ Superstar et Evita, à chaque fois en binôme avec Andrew Lloyd Weber.
Rita Coolidge, tout juste séparée de Kris Kristofferson, est une chanteuse et actrice américaine. Elle vient alors d’enchaîner entre 77 et 78 4 succès dans le Top 25 US.
Un premier choix fort de Barbara Brocoli
Les premiers choix étaient la britannique Mari Wilson et l’Américaine Laura Branigan (le hit Self control au même moment). C’est Barbara Broccoli, fan de Rita Coolidge, qui réussira à l’imposer à son père. La future boss d’Eon est alors assistante réalisatrice sur le film.
La chanson All time High est la deuxième, après Nobody does it better à ne pas reprendre le titre du film auquel elle est associée. Poussant encore plus loin, elle ne contient pas non plus dans ses paroles le mot Octopussy.
All time high ne sera pas un immense succès, jusqu’à Rita Coolidge qui préférera en faire un thème d’introduction de ses concerts plutôt que de l’interpréter.
Le retour de Sean Connery
Lani Hall – Never say never again (Jamais plus jamais / 1983)
Film « hors série » sorti en même temps qu’Octopussy, Jamais plus jamais a aussi sa chanson. Et cette chanson, c’est du pur 007, suave, jazz-pop, aux intonations brésiliennes et rappelant le thème officiel créé par Monty Norman, avec un parfum déjà un peu suranné des 70s.
La chanson est produite par Herb Alpert, qui est son époux, et a déjà sévi pour la musique de Casino Royale, l’autre 007 hors série, en 1967.
La musique est, elle, signée Michel Legrand. Le célèbre compositeur français a la charge de l’ensemble de la musique du film. Et voit rouge quand Stephen Forsyth et Jim Ryan écrivent ce qui devait être la chanson. Michel Legrand a menacé le studio Warner de poursuites, alors que la chanson était déjà prête, avec Phyllis Hyman au micro, pour enregistrer sa partie en une seule prise.
Duran Duran – A view to a kill (Dangereusement vôtre / 1985)
James Bond vs John Booze pourrait être le résumé de cette chanson. John Taylor, guitariste du groupe britannique, alors parmi les plus connus et appréciés au monde, s’est souvenu avoir rencontré Broccoli dans une soirée. Admettant avoir été un peu pompette, il a lancé comme un défi « Quand vas-tu enfin prendre un artiste convenable pour faire une chanson? ».
Bingo ! Le groupe rencontre John Barry quelque temps plus tard. Le chanteur Simon LeBon précisera que ce dernier n’avait aucune idée précise et a écouté ce que le groupe avait à préparer. Avant de tout mettre en ordre comme il faut.
Pour la composition, ensuite, de la chanson, à chacun son rôle : le groupe a créé A view to a kill, comme une chanson pop/rock. Puis Barry l’a prise pour lui apporter ses atours bondiens. Gros succès des deux côtés de l’Atlantique, numéro 3 pendant trois semaines au Royaume Uni, numéro 1 au Billboard !
Pour en savoir plus sur James Bond :
https://www.007.com
https://jamesbond007.net
Pour retrouver le premier épisode :
http://myskeuds.eu/index.php/2022/07/11/lhistoire-des-chansons-iconiques-de-la-saga-james-bond-1-5/
La chanson de jamais plus jamais est faible,sans envolée,et si on ne sait pas que c’est un générique de Bond ,elle serait passée inaperçue,car bien sûr il manque les accords bondien créés par John Barry et intégrés aux génériques des précédents films