Impressionnant. Monolithique. Puissant. Sombre. Malsain. Les 5 habituels piliers de Godflesh sont toujours présents. Et l’on en vient à se demander s’il n’y a pas quelque chose de surhumain dans le talent de Justin Broadrick. Tant il parvient à se réinventer à chaque album. Et ce, depuis plus de 30 ans. Godflesh donne l’impression d’avancer seul sur son chemin. Loin des modes. Loin des genres. Loin des autres groupes, y compris de la scène industrielle.
Ici, sur Purge, il donne l’impression d’avoir « quelque peu » « adouci » (les guillemets sont très importants) son propos. Pour se rapprocher de l’esthétique d’un Killing Joke. Les rythmiques drum’n’bass qui ouvrent Land Lord ne font cependant que cacher la sombre forêt calcinée qui suivra.
Car, ne nous y trompons pas : le propos de Godflesh s’est peut-être légèrement adouci sur la forme. Mais pas un seul instant sur le fond. La noirceur de nos âmes est toujours disséquée par Godflesh avec une précision et une froideur chirurgicale. Et chaque chanson est abordée comme un nouveau cas à traiter. Comme une nouvelle histoire. Voire un nouveau chapitre. Ou une nouvelle plongée obscure.
Et en cette année 2023 où la place de la machine, via l’intelligence artificielle, est totalement revue, la musique de Godflesh vient en parfait contrepoint. Car, aussi désincarnée soit-elle, la musique produite ici par les machines est encore créée par l’homme. Comme pour mieux rappeler que si la machine progresse en intelligence, à l’origine de tout, Bien et Mal, se trouve l’humain.
Si trop souvent, le metal industriel semble se mordre la queue, ne plus réussir à progresser en tant que genre musical, Godflesh est unique. Unique dans sa capacité de réinvention permanente. Et de pression musicale.
Le site officiel de Godflesh
Et Justin Broadrick est déjà sur Myskeuds