On pourra critiquer le titre de l’album, quand même long. Mais c’est à peu près tout. +++ Crosses, projet parallèle de Chino Moreno, chanteur des Deftones, publie son second album. 9 ans après le premier. Et permet à son cocompositeur d’aller au bout de ses envies new wave. Des envies trop enfermées dans le carcan Deftones, même si elles ont permis au groupe de se démarquer alors de la scène nu metal. White Pony demeure d’ailleurs à ce jour le plus flamboyant exemple de ce mélange entre new wave, synth pop et metal alternatif.
Mais revenons à +++ Crosses, crû 2023. C’est un album à la production parfaite, chirurgicale. On pourrait même dire pinkfloydienne, tant chaque son est ici mis en avant intelligemment. L’autre intelligence est d’avoir choisi de ne pas choisir entre le revival 80s (qui vire à la parodie actuellement) et les sonorités urbaines 2020s.
La voix planante de Moreno trouve ici un écrin à sa hauteur. Là où chez Deftones elle sert plus de contrepoint à la puissance des guitares. En passant du tout organique au tout synthétique, rien ne se perd. Pleasure est du même acabit que les meilleures chansons d’un Gary Numan. Et se rapproche même par moments du Memento Mori de Depeche Mode. Si ces comparaisons aussi osées que justifiées ne vous ont pas suffi, allez écouter Found, planante à souhait, comme un gospel cosmique. Ou Big Youth, sur lequel +++ Crosses s’offre les services du rappeur El-P.
Et comme pour mieux exaucer un rêve de gosse, +++ Crosses s’est permis d’inviter Robert Smith (The Cure) pour un Girls float + Boys cry qui tutoie les étoiles. Avant que la chanson titre de l’album n’offre un vertueux rappel actuel des sonorités géniales d’Art of Noise.
Mais plus qu’un hommage ou une litanie de grands noms de la musique new wave, +++ Crosses poursuit avec son nouvel album une mission. Celle de perpétuer sans nostalgie, mais avec talent et génie, le courant musical né à la fin des années 70s. Pour en rappeler la très grande richesse.
Le site officiel de +++ Crosses ici
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