« On n’attendait plus grand-chose à cet âge. » La formule a été utilisée, sur-utilisée il y a quelques semaines pour qualifier le nouvel album des Rolling Stones, dont les historiques (y compris Ronnie Wood) ont entre 76 et 80 ans.
Un peu plus jeune, 73 ans tout de même, Peter Gabriel publie donc cette année son 12e album.
« Seulement » le 9e, si l’on enlève les projets de reprises qui ont été son pain quotidien dans les années 2010.
Et l’on pourrait alors reprendre la formule citée plus haut. Qui ne serait pas fausse. Mais qui serait tout de même erronée. Parce que i/o est peut-être l’album qu’on attendait de lui. Peut-être même son meilleur album. Et chaque mot est ici pesé, quand on évoque l’homme derrière des chefs d’œuvre comme Us ou So, notamment.
L’originalité de i/o est sa composition. Puisqu’elle s’est étalée sur près de 30 ans. Et l’album aurait même dû sortir au début des années 2000, dans la foulée de Up. Depuis, à intervalles réguliers, Peter Gabriel a évoqué cet album à venir, le transformant en serpent de mer.
Mais ça y’est le voici, porté par sa chanson d’ouverture, Panopticom, qui à elle seule justifierait l’achat de l’album. Une chanson mélancolique, de cette mélancolie dont seul Peter Gabriel a le secret. Cette chanson, prélude à l’album, on la connait depuis le début de l’année. Et la suite, elle a été diffusée en téléchargement jusqu’à ce lundi 27 novembre, quelques jours avant la sortie de l’album.
Peter Gabriel ne surprendrait plus, alors ? A quoi bon sortir l’album en physique, au-delà d’un simple travail de gravage de ces chansons sur une galette en plastique ? C’est mal connaître l’artiste novateur qui, en fait, a choisi de ne pas choisir : il propose deux mix différents des chansons. Le Bright Mix et le Dark Mix. Pour offrir à l’auditeur deux ambiances différentes. Impossible cependant de choisir de façon définitive entre les deux. A chaque chanson son mix préféré, en somme.
Mais de manière générale, Peter Gabriel conserve surtout ce talent de compositeur et de conteur. Et les deux mix ont une ligne commune : aller à l’épure musicale. Une épure atteinte sur So Much, chanson sur le thème du vieillissement. Piano-voix-chœurs. Et cœur. Touché.
Peter Gabriel signe avec i-o un album intemporel. Et le terme a été galvaudé, y compris ici, chez Myskeuds, sur quelques chroniques. Mais cette fois-ci, le terme convient de façon absolument sidérante. Comme la production est sidérante, faisant de i-o un véritable absolu musical.
Le site officiel de Peter Gabriel
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