Six ans après la disparition de David Bowie, et plusieurs milliers d’hommages d’ici et d’ailleurs, ou de tentatives d’exégèse de son oeuvre. Ce qui doit bien faire marrer le Starman, désormais étoiles parmi les étoiles.
Ici chez Myskeuds, on va se contenter d’une fan attitude en vous proposant 10 chansons, à notre pure subjectivité, qui résument le mieux à notre sens David Bowie.
1° Life on Mars ? (1991 sur l’album Honky Dory)
Quand une parodie devient un tube presqu’aussi important que l’originale, c’est le cas de Life on Mars?, basée sur la mélodie de My Way. Bowie avait tenté de faire une adaptation de Comme d’habitude, mais refusée (Only a fool learns to love), avant que Paul Anka n’écrive le mythique My Way.
2° Lazarus (2016 sur l’album Blackstar)
« Look up here, I’m in heaven, I’ve got scars that can’t be seen, I’ve got drama, can’t be stolen, Everybody knows me now ». Avec le recul du décès de Bowie, ces paroles extraites de son ultime single (et du clip pour lequel il avait arrêté son traitement contre le cancer qui se généralisait dans son corps) sonnent comme le testament d’un artiste qui prépare son départ comme une sortie de scène aussi grandiose qu’intime. « Everybody knows me now », paroles saisissantes pour un artiste qui aura passé sa carrière à se cacher derrière les personnages qu’il créait !
3° « Heroes » (1977 sur l’album « Heroes »)
Tempo inspiré par I’m waiting for the man (Velvet Underground), enregistrement au Hansa Thon Studio de Berlin, à quelques mètres du Mur, « Heroes » laisse aussi la place à Robert Fripp, dépêché from NYC to Berlin pour enregistrer sa partie de guitare, sur une double production Brian Eno / Tony Visconti.
Et ce dernier est le héros de la chanson, comme le confiera plus tard Bowie : ce couple s’embrassant sous le mur (« And we kissed, as though nothing could fall ») qui a donné à la chanson son texte n’était pas un couple allemand sous ce joug du Mur. Mais bel et bien une jeune Allemande et… Tony Visconti. Mais Bowie confiera « je ne pouvais pas en parler à l’époque, car il était marié » ! La chanson existe en versions allemande et française, par Bowie (à écouter pour se marrer !).
4° The Man who sold the world (1970 sur l’album The Man Who Sold The World)
Au-delà de la chanson, de sa redécouverte via Nirvana dans les 70s, il y a ici la prestation hallucinante de Bowie dans une émission américaine, vêtu d’une tenue indescriptible, l’empêchant de marcher. Il avait dû être porté par ses choristes d’un soir, dont la future star pop/classique Klaus Nomi !
5° I’m afraid of Americans (1997 sur l’album Earthling)
Nombre de musiciens de premier plan ont participé aux albums de David Bowie. Robert Fripp (King Crimson), John Mc Laughlin (sur This is not America), Lester Bowie (sur l’album Black tie, white noise), Brian Eno à plusieurs reprises, John Lennon (choriste de luxe sur Fame), etc.
Mais sur I’m afraid of America, celui qui est considéré comme un vampire à idées et inspirations des autres laisse la place et laisse de la place à l’alors tout jeune Trent Reznor (Nine Inch Nails), producteur de la chanson (musique co-composée par Bowie et Brian Eno) et co-star de Bowie dans un clip thriller halluciné et apocalyptique. Bowie se produira sur scène pour une transition entre Nine Inch Nails, groupe d’ouverture, et son propre concert sur une majorité de la tournée !
6° Wild is the wind (1976 sur l’album Station to Station)
Bowie a toujours adoré les reprises ! Nombre de ses albums en comportent (Amsterdam – reprise de son maître Scott Walker, adaptée par ce dernier sur la version de Jacques Brel – Waiting for the man ou White light, white heat (Velvet Underground), Let spend the night together (Rolling Stones), etc.).
Mais sur Wild is the wind, chanson interprétée par Johnny Mathis et nommée à l’Oscar en 1957, popularisée un peu plus tard par Nina Simone, Bowie fait un travail d’appropriation assez exceptionnel, la transformant plus que toute autre reprise en une chanson de son répertoire, au même titre que ses créations personnelles.
7° Seven (1999 sur l’album Hours…)
Oui, Seven en septième position, y’a de la vanne. Mais aussi l’une de ces chansons a priori faciles que Bowie savait faire avec une maestria rare. Chanson ultra simple, accompagnée par une guitare acoustique, elle est symbole d’épure, chose finalement assez rare dans la carrière de David Bowie, aventurier des sons et de la production. Seven apparaît ainsi comme l’occasion pour Bowie de clore, en douceur, le XXe siècle.
8° Jump they say (1993 sur l’album Black Tie, White Noise)
L’une des chansons du retour de Bowie après quelques années d’errance artistiques. Surtout l’une des chansons les plus personnelles du chanteur : elle a été inspirée par les traitements subis par son demi-frère, Tommy, schizophrène, mort quelques années plus tôt. Entre jazz, pop et sonorités purement prod’90s, Jump they say participera au renouveau de Bowie dans les 90s, avec, alors, en point de mire les deux albums magiques que sont 1.Outside et Earthling.
9° Subterraneans (1977 sur l’album Low)
Alternant le chant et le saxophone sur des nappes créées par Brian Eno, Subterraneans est certainement l’un des morceaux les plus étranges et fascinants de David Bowie. Evoquant, selon l’artiste, le sentiment de ceux qui ont été séparés par le Mur de Berlin, Subterraneans rappelle aussi l’univers barré de Miles Davis. Il préfigure également une partie du travail à venir de Radiohead sur ses albums Kid A et Amnesiac.
10° Ziggy Stardust (1972 sur l’album The Rise & fall of Ziggy Stardust & the Spiders From Mars)
Première expérience de groupe pour Bowie (avant le plus anonyme Tin Machine au début des 90s), cet album va engendrer le mythe Bowie. Personnage extraterrestre, interprétation asséxuée et oversexuée, Ziggy Stardust est à elle seule le chant du cygne du mouvement glam. Bowie y reprend tous les codes du genre (mélodie, sensualité), mais y ajoute une rythmique bien plus puissante et la guitare de Mick Ronson, d’abord en rondeur, offre quelques stridences, qui préfigurent le punk, déjà en gestation côté US depuis quelques années, notamment via les Stooges, dont le chanteur Iggy Pop devient un proche de Bowie.
A écouter, le dernier album d’Earl Slick, collaborateur de longue date de David Bowie
http://myskeuds.eu/index.php/2021/09/24/earl-slick-fist-full-of-devils-rock/
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