Attention OVNI. Spider Mountain est d’abord une expérience, dès les premières notes, précédées d’un crépitement de bois dans une cheminée. Puis une attaque entre free jazz et prog rock. Un faux cousin de Porcupine Tree ? Non, ce serait trop facile. Dani Lee Pearce s’ingénue à brouiller les pistes d’une chanson à l’autre. Avec une folie toute personnelle, il convoque les ombres de tel artiste ou tel style musical, comme pour mieux le malaxer, le tordre, le tendre et en faire sa chose.
Il en ressort quelque chose d’aussi beau que de malsain. Nous donnant presque honte d’aimer autant ce disque. Car oui, ce disque a tout pour se faire aimer : des ambiances à faire frissonner un David Lynch ou un Stephen King (l’intrigante Are you ready to play God with me, sorte de rap / spoken word sur des nappes inquiétantes, la terrifiante Jennifer White of Jemini Christmas et sa voix vocodée venue d’ailleurs, etc.)
Spider Mountain est le parfait disque de Halloween. C’est un fait. Mais l’été venant, les vacances prévues dans une vieille maison ou un chalet permettront aussi d’en avoir une écoute optimale en terme de ressenti.
Cependant, allons un peu au-delà de cet aspect horrifique pour évoquer le talent de songwriting de Dani Lee Pearce. Parce que c’est bien de cela dont il est question. Au risque de citer Kant : « L’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose ». Et ici, nous sommes totalement dans cette acception philosophique. Car ici, tout devient prétexte à divagation musicale psychédélique, jusqu’à la COVID-19 rebaptisée astucieusement Corvid XIX, dans une pièce étrange, absolument pop et résolument inquiétante.
« Avez-vous dansé un jour avec le diable au clair de Lune ? » demandait le Joker dans le Batman de Tim Burton. Assurément, cette danse aurait eu lieu sur une musique de Dani Lee Pearce.
Dans un genre proche
http://myskeuds.eu/index.php/2022/05/06/king-dude-der-blutharsch-and-the-infinite-church-of-the-leading-hand-black-rider-on-the-storm-dark-folk/