Depuis quelque temps, chaque année on assiste à l’un ou l’autre retour inattendu sur la scène musicale. Le premier de cette année 2024 est sans conteste celui des Marseillais Kill The Thrill.
Entre 93 et 2005, ils avaient prouvé avec brio que l’indus peut se conjuguer au français. Bon, ça on le savait d’ailleurs déjà depuis la fin des années 80 et les premiers chefs d’oeuvres des Young Gods. Dont Kill The Thrill peut se targuer d’une familiarité. Dans le chant notamment : écorché, planant, qui fait penser à celui de Franz Treichler.
Autophagie apparait, dès sa première écoute, plus comme un besoin qu’une envie, pour le groupe, de revenir. Comme si telle ou telle situation l’avait « obligé » à sortir de sa retraite. Mais soyons rassurés : il le fait avec maestria. La pochette, représentant un paysage plat dans un noir et blanc très sombre donne le ton. Les titres de certaines chansons, aussi : A la dérive, Le dernier train, Les enfants brûlent.
Mais il faut commencer par le début et le très cynique Tout va bien se terminer, qui introduit l’album. Longue plage planante, voix entre Franz Treichler et Arno, cette chanson tisse un décor post-apocalyptique, que les samples de vent fort glissant de ci, de là, rendent encore plus froide.
Album mélancolique en plein, voguant entre indus, dark wave et ambient, Autophagie est aussi et surtout un disque de textes. Loin de la variété qui envahit les plateaux (coucou les Victoires de la Musique), on a ici un disque lettré. Dont l’ambition artistique suinte à chaque note, à chaque arrangement.
Kill The Thrill signe un retour plus qu’inspiré et inspirant. Et prouve que si le rock français est presque toujours sans saveur, la musique industrielle « à la française » est d’une acuité et d’une actualité toujours aussi vibrantes.
Le site officiel de Kill The Thrill
Et puisqu’on évoque les Young Gods dans la chronique…