Void est le 9e album du groupe canadien, dont KEN est l’acronyme de Kill Everyone Now. Il fait suite au très énervé Null, publié l’an dernier. Et sans que Void n’apparaisse comme une simple compilation de matériel bonus de cet album précédent. Au contraire, Void en constitue la suite parfaite, toujours aussi énervée. KEN Mode évolue dans un magma froid entre le hardcore et le noise rock. Parfois légèrement parsemé d’indus. Pas assez, d’ailleurs. Car l’usage de synthés apporte, à chaque fois que le groupe l’utilise, une profondeur assez dingue à sa musique. Tout comme le saxophone, qui crée une urgence bienvenue.
Et avec une musique aussi brutale (plus que violente), ce sont les moments plus « calmes » qui tranchent. Et inquiètent. A l’image de cette intro quelque part entre Faith No More et Helmet sur These Wires. Un propos presque slammé, des notes de piano éparses. Et une rythmique de plomb. Avant que le naturel de KEN Mode ne revienne au galop, pour tout emporter façon bulldozer.
Pourtant, chose assez rare dans le mouvement noise rock, KEN Mode crée de véritables chansons « pop ». Au sens où l’on sent que leur interprétation en simple guitare-voix offrirait une relecture aussi belle qu’inédite.
La musique de KEN Mode sent le désespoir à plein nez. Mais aussi le talent de composition et d’interprétation et la catharsis. Et plus encore la sincérité. C’est ce qui la rend si particulière, même pour l’oreille qui ne serait pas habituée à tant de brutalité.